Nicolas-Edme Rétif de la Bretonne [Restif de la Bretone]
L'Ecole des Pères. Par N. E. Retif de la Bretone.
En France, et à Paris, chés la veuve Duchesne, Humblot, Le Jai et Dorez, Delalain, Esprit et Mérigot, 1776
3 tomes reliés en 2 volumes in-8 (20 x 13 cm) de (1)-480, (1)-192 et (1)-372 pages.
Reliure plein veau caramel à l'imitation des reliures du XVIIIe siècle, dos richement ornés aux petits fers dorés, triple filet doré en encadrement des plats, tranches rouges, doublures et gardes de papier marbré (reliure exécutée vers 1920). Excellent état. Infimes marques aux reliures, intérieur très frais (quelques cahiers avec des rousseurs ou plus teintés). Collationné complet.
Première édition tirée à 1.500 exemplaires d'après Rives-Childs.
Exemplaire avec le troisième volume en 372 pages.
Notre exemplaire n'est pas cartonné et possède toutes les pages qui seront supprimées par la suite pour former la seconde édition censurée.
A noter que la première page du premier volume possède le titre "Le Nouvel Emile" et non "L'Ecole des Pères" comme la plupart des exemplaires.
Cet ouvrage existe sous le titre de "Le Nouvel-Emile" (il en existe deux ou trois exemplaires portant ce titre conservés à la Bibliothèque de l'Arsenal (Rives Childs, p. 240). La censure fut la cause des changements que le Nouvel-Emile a dû subir avant de paraître dans une forme encore abrégée sous le titre de l'Ecole des Pères. Restif nous explique que "mon Nouvel-Emile... a paru sous le titre de l'Ecole des pères" (Monsieur Nicolas, t. VII, p. 4151). Restif commençait son travail d'un nouvel ouvrage après avoir achevé, au commencement d'avril 1770, les deux premiers volumes des Idées singulières. Il faisait la connaissance à ce moment d'Elise Tulout (l'Elisabeth de la Malédiction paternelle). (Rives Childs)
Dans l'idée de Rétif de la Bretonne, cet ouvrage faisait partie intégrante des Idées singulières (Pornographe, Andrographe, Thesmographe, Gynographes) sous le faux-titre titre : L'Educographe.
On trouve dans cet ouvrage, comme presque toujours avec Rétif, un enchevêtrement de récits qui n'ont pas d'obligations les uns aux autres. Cependant très intéressant pour le récit qu'il fait des journées "paysannes" de sa région de la Bourgogne (Yonne). C'est aussi un traité d'éducation de l'homme-social (l'homme vivant en société).
"Je me suis toujours reproché de ne pas l'avoir mieux
faite, disait-il en revenant sur l'École des pères ; j'ai noyé l'instructif
et fait disparaître l'agréable de cette production, en me livrant à des
détails qui n'étaient propres qu'à un livre élémentaire. J'ai même
donné dans un système de physique, faux en beaucoup de points." Mais, dans la Revue des ouvrages de l'Auteur (1784), l'orgueil reparaît
dans toute sa splendeur : "Cet ouvrage est bien supérieur à
l'Ecole de la Jeunesse, publiée cinq années auparavant. Il serait à
souhaiter qu'il fût entre les mains de tous les pères et mères ; il
ne pourrait que les éclairer sur la manière d'élever leurs enfants,
pour en faire des citoyens.... On trouve, au commencement du
deuxième volume, un petit traité historique de l'Éducation des
femmes, absolument neuf. Les connaissances physiques les plus
saines sont répandues avec profusion dans tout cet ouvrage."
"Mis à part, peut-être, La Philosophie de Monsieur Nicolas, aucun des ouvrages où Rétif expose ses idées ne se présente sous forme de pur traité : dans l'Ecole des pères (1776), c'est par le biais d'un "journal d'éducation", où viennent s'insérer entretiens, lettres et récits, qu'il livre ainsi ses théories pédagogiques (inspirées par la lecture de l'Emile de Rousseau) et aborde la plupart des domaines de la connaissance (des techniques de labourage à la structure de l'univers). Ce journal est tenu par le Comte de S*, qui y consigne pour sa fille Désirée les étapes de la découverte par son futur gendre, Roger, du milieu rural puis urbain." (Françoise Le Borgne).
"Mis à part, peut-être, La Philosophie de Monsieur Nicolas, aucun des ouvrages où Rétif expose ses idées ne se présente sous forme de pur traité : dans l'Ecole des pères (1776), c'est par le biais d'un "journal d'éducation", où viennent s'insérer entretiens, lettres et récits, qu'il livre ainsi ses théories pédagogiques (inspirées par la lecture de l'Emile de Rousseau) et aborde la plupart des domaines de la connaissance (des techniques de labourage à la structure de l'univers). Ce journal est tenu par le Comte de S*, qui y consigne pour sa fille Désirée les étapes de la découverte par son futur gendre, Roger, du milieu rural puis urbain." (Françoise Le Borgne).
Fils de paysans de l'Yonne, devenu ouvrier typographe à Auxerre et Dijon, Nicolas Restif de La Bretonne s'installe à Paris en 1761 : c'est alors qu'il commence à écrire. Il a une vie personnelle compliquée et est sans doute indicateur de police. Polygraphe, il fait paraître de très nombreux ouvrages touchant à tous les genres, du roman érotique (L'Anti-Justine, ou les Délices de l'amour) au témoignage sur Paris et la Révolution (Les Nuits de Paris ou le Spectateur nocturne, 1788-1794, 8 volumes) en passant par la biographie avec La Vie de mon père (1779) où il brosse un tableau idyllique du monde paysan avant la Révolution avec la figure positive de son père. Il a également touché au théâtre sans grand succès. Cherchant constamment des ressources financières - il mourra d'ailleurs dans la misère -, il écrit aussi de nombreux textes pour réformer la marche du monde. Cependant l'œuvre majeure de Restif de la Bretonne est sa vaste autobiographie, Monsieur Nicolas, en huit volumes échelonnés entre 1794 et 1797. Ce livre fleuve se présente comme la reconstruction d'une existence et expose les tourments de l'auteur/narrateur comme à propos de la paternité - le titre complet est Monsieur Nicolas, ou le Cœur humain dévoilé - mais témoigne aussi de son temps et constitue une source très abondante de renseignements sur la vie rurale et sur le monde des imprimeurs au XVIIIe siècle. C'est aussi un philosophe réformateur pénétré de rousseauisme qui publie des projets de réforme sur la prostitution, le théâtre, la situation des femmes, les mœurs, et un auteur dramatique.
Référence : J. Rives Childs, Bibliographie des ouvrages de Rétif de la Bretonne, p. 240 ; P. Lacroix, Rétif de la Bretonne, XVI, n°1, p. 136-143 ; Françoise Le Borgne, Récits et expériences dans L’École des pères de Rétif (Etudes Rétiviennes, N° 30, juin 1999, p. 89-100).
Provenance : de la bibliothèque Bertrand Hugonnard-Roche, avec ex libris.
Bon exemplaire de cet ouvrage peu commun en première édition non cartonnée.
Prix : 2.500 euros
Bon exemplaire de cet ouvrage peu commun en première édition non cartonnée.
Prix : 2.500 euros