mercredi 20 août 2025

LESAGE (Alain-René) ou LE SAGE | Eustache LE NOBLE | BORDELON | Le diable boiteux. A Amsterdam, chez Henri Desbordes, 1707 | Dialogue entre le diable boiteux et le diable borgne. Par Mr. Le Noble [Second, Troisième] | Les béquilles du diable | Le diable d'argent (1708). Très bel exemplaire renfermant des éditions rares du Diable boiteux et de ses annexes de circonstance par Le Noble et Bordelon, ici relié aux armes d'un duc et pair de France, Joseph d’Hostun (1684-1755), duc d’Hostun, comte de Tallard.



LESAGE (Alain-René) ou LE SAGE | Eustache LE NOBLE | BORDELON

Le diable boiteux.

A Amsterdam, chez Henri Desbordes, 1707

(8)-348-(4) pages avec frontispice.

SUIVI DE :

Dialogue entre le diable boiteux et le diable borgne. Par Mr. Le Noble.

A Amsterdam, aux dépens d'Estienne Roger, 1708

64 pages avec frontispice

SUIVI DE :

Second entretien entre le diable boiteux et le diable borgne. Par Mr. Le Noble.

A Amsterdam, aux dépens d'Estienne Roger, 1708

Paginé à la suite du précédent [65] à 134. 1 feuillet blanc. Avec frontispice (identique au précédent).

SUIVI DE :

Les diables aux tuileries, ou III. entretien entre le diable boiteux et le diable borgne. Par Mr. Le Noble.

A Amsterdam, aux dépens d'Estienne Roger, 1708

Paginé à la suite du précédent [135] à 193. 1 feuillet blanc.

SUIVI DE :

Les béquilles du diable boiteux. Par Monsieur L'A. B***. [Abbé Bordelon]

A Leyde, chez Théodore Haak, 1708

20 pages

SUIVI DE :

Le diable d'argent. Par M. D. L.

1708 (sans lieu ni nom)

20 pages.

6 ouvrages réunis en un seul fort volume in-12 (13,9 x 8,7 cm).



Reliure strictement de l'époque plein veau caramel, dos à nerfs orné aux petits fers dorés, pièce de titre de maroquin rouge, filets à froid en encadrement des plats, doublures et gardes de papier peigne, tranches dorées, armes dorées au centre des plats (voir ci-dessous). Reliure très habilement restaurée (probablement au XIXe siècle). Intérieur frais. Collationné complet.

Très rare édition hollandaise de ce célèbre roman parue très peu de temps après l'édition originale parisienne (Veuve Barbin).








Publié en 1707 chez la veuve Barbin et inspiré d’un roman espagnol de Luis Vélez de Guevara (El Diablo cojuelo, 1641), Le Diable boiteux marque les débuts romanesques d’Alain-René Lesage et connaît aussitôt un immense succès populaire, au point que deux gentilshommes en viennent aux mains pour acquérir le dernier exemplaire d’une réimpression. L’auteur en donnera une version considérablement enrichie en 1725-1726, qui accentue la verve satirique et multiplie les épisodes. L’intrigue se déroule en une seule nuit : le jeune étudiant Cléofas libère d’une fiole un petit démon boiteux, Asmodée, qui, pour le remercier, l’emporte dans les airs et soulève les toits de Madrid afin de dévoiler la vie intime de ses habitants. À travers une série de tableaux rapides et vifs, Lesage met en scène les travers universels : coquettes vieillissantes, maris dupés, jeunes filles vendant leurs faveurs, avares comptant leur or, héritiers impatients, médecins charlatans. Le dispositif fantastique n’est qu’un prétexte à une peinture ironique des mœurs françaises sous un décor espagnol, procédé qui permet de critiquer sans heurter de front. L’écriture, vive et mordante, mêle humour, petites anecdotes et contes insérés, conférant au roman une allure picaresque qui annonce déjà Gil Blas de Santillane. Le démon, narrateur complice et moraliste paradoxal, incarne à la fois l’esprit de dérision et le révélateur de la comédie humaine. L’œuvre frappe par sa modernité : ce survol indiscret des intérieurs évoque déjà une curiosité voyeuse que l’on pourrait comparer à la téléréalité contemporaine. Satire sociale, conte facétieux et galerie de portraits, Le Diable boiteux est ainsi l’une des premières réussites littéraires de Lesage, où se conjuguent le goût du merveilleux et l’acuité du moraliste.

Les Dialogues entre le diable boiteux et le diable borgne présents ici ne semble pas sortis de la plume féconde de Le Noble. Cet ensemble paraît initialement à Paris chez Pierre Ribou, sur le Quai des Augustins (à l’Image Saint-Louis) en 1707, sous la forme d’une série de six dialogues, mêlant prose et vers, publiés à intervalle régulier — un sixième dialogue daté de 1708 atteste de la prolongation de la série. Ces livraisons se présentent en format in-12 (environ 90 × 160 mm), chacune comprenant entre 48 et 56 pages, avec vignettes illustratives pour certains dialogues. Parallèlement, deux éditions hollandaises paraissent en 1708 : l’une à Amsterdam chez Pierre Mortier, l’autre aux dépens d’Estienne (Étienne) Roger, qui rassemblent les six dialogues (et davantage parfois, jusqu’à un septième entretien intitulé Les Diables à la douane ou des insertions comme La lorgnette du Diable borgne), dans des volumes compacts d’une quarantaine à soixantaine de pages.

Bien que ne réunissant pas l'ensemble des Dialogues entre le diable boiteux et le diable borgne, notre volume contient deux pièces pièces fort rares "Les béquilles du diable" et "Le diable d'argent".













Exemplaire composé à l'époque et relié aux armes à l'époque.

Les exemplaires de l'édition originale du Diable boiteux ne sont pas si rares qu'on veut bien l'écrire parfois. Par contre les exemplaires de cette édition pirate hollandaise semble effectivement très rare compte tenu des dénombrements infimes qu'on peut en faire dans les dépôts publics français ou à l'international.

Provenance : Plats aux armes de Joseph d’Hostun (1684-1755), duc d’Hostun, comte de Tallard et pair de France : écu de gueules à la croix engrêlée d’or, timbré d’une couronne ducale et entouré d’un manteau d’hermine, orné en pointe d’une coquille (cf. OHR, n° 877). Il héritera (1728) des biens et des titres de son père le maréchal de Tallard, duc pair et futur membre du conseil de régence (1717) et ministre d’état (1726). Il fut gouverneur de Franche-Comté en 1728. Il fit un brillant mariage en épousant une Rohan-Soubise, Marie-Isabelle de Rohan, petite fille de la duchesse de Ventadour. Le duc d'Hostun mourut en 1755, sans postérité, son fils étant décédé en 1739. Il fut un grand collectionneur d'art et il devait posséder une belle bibliothèque dont hélas nous n'avons pas retrouvé la trace (une vente des ses objets d'art et estampes a eu lieu peu après son décès en 1755). Les reliures portant ces armoiries sont d'une grande rareté ; ex libris manuscrit Charles Gaye 1795 (aussi signé Charles Seaman Gaye). Les Gaye, père et fils, étaient des chirurgiens des environs de Londres (d'après une gazette, Charles Seaman Gaye avait 73 ans en 1848. Il était donc né en 1775 et avait 20 ans au moment de la signature sur notre exemplaire).



Très bel exemplaire renfermant des éditions rares du Diable boiteux et de ses annexes de circonstance par Le Noble et Bordelon, ici relié aux armes d'un duc et pair de France, Joseph d’Hostun (1684-1755), duc d’Hostun, comte de Tallard.

Prix : 3 500 euros