mardi 29 juillet 2025

[GOUAZÉ, Jean-Auguste ou Augustin] Traité sur l'époque de la fin du monde et sur les circonstances qui l'accompagneront. Par un Solitaire. Versailles, de l'imprimerie de J.-A. Lebel, 1814. 1 volume in-8 relié pleine basane d'époque. Bel exemplaire de ce livre rare traitant de manière convaincue de la fin du monde, entre mystique exaltée et eschatologie raisonnée.


[GOUAZÉ, Jean-Auguste ou Augustin]

Traité sur l'époque de la fin du monde et sur les circonstances qui l'accompagneront. Par un Solitaire [Jean-Auguste ou Augustin Gouazé].

Versailles, de l'imprimerie de J.-A. Lebel, 1814

1 volume in-8 (20,7 x 13,5 cm) de VI-352 pages.

Reliure pleine basane fauve racinée de l'époque, dos lisse orné, pièce de titre de maroquin rouge, tranches marbrées, doublures et gardes de papier marbré. Reliure décorative et solide malgré quelques légères marques et usures (coins, légères épidermures sur les plats). Intérieur assez frais.



Edition originale rare.

D'après une notice ce volume n'aurait été imprimée qu'à 250 exemplaires.

Il est annoncé dans la Bibliographie de la France du 25 juin 1814. Imprimé à petit nombre à Versailles il a été diffusé par plusieurs libraires de Paris (chez Le Normant, Pillet, Brunot-Labbe et Audot) et de province (à Toulouse chez Manavit, chez Mlle Glaçon, imprimeur-libraire ; à Rennes chez Mlle Blouet libraire).

Les exemplaires de ce livre sont aujourd'hui devenus quasiment introuvables.



L'abbé Auguste Gouazé est né à Toulouse en 1758. "Ses premières années, dès sa plus tendre enfance, furent données à la religion et à l'étude. Il chercha dans le ministère sacré du sacerdoce, un asile contre les tempêtes du monde ; mais il ne l'y trouva pas longtemps. Lui aussi eut à lutter, durant notre révolution, contre les violences que l'ennemi des hommes exerça envers les ministres de nos autels. [...] Il fut réellement un solitaire ; car il ne se montra nulle part là où l'ambition ou le plaisir rassemblent tous les hommes. Les pauvres, les affligés parvinrent seuls jusqu'à lui ; il ne les renvoya jamais sans avoir donné des secours ou des consolations. [...] Il termina ses jours le 30 novembre 1812 à l'âge de 54 ans. [...] On dit que le principal motif des chagrins qui lui donnèrent la mort, provenait des persécutions injustes dont l'aveuglement de l'empereur Napoléon accablait le souverain pontife. Gouazé est l'auteur d'un ouvrage très curieux, intitulé : Traité sur la fin du monde et sur les circonstances qui l'accompagneront, par un solitaire, un volume in-8, imprimé à Versailles, chez Le Bel en 1814. L'éditeur de ce volume, qui ne parut qu'après la mort de l'auteur, annonça qu'il cédait, en le publiant, à la volonté de Gouazé. Celui-ci sans avoir voulu commenter l'Apocalypse, a cherché, en s'appuyant sur ce livre mystérieux, à deviner l'époque à laquelle doit arriver ce dernier jour de l'univers annoncé dans les saintes Ecritures. [...] Il y a dans ce traité je ne sais quoi de sombre, de mélancolique, et en même temps de religieux, qui jette l'âme dans un salutaire effroi [...] Selon Gouazé, le monde à peine doit avoir deux cents ans d'existence [...] (in Biographie Toulousaine, 1823)










Dans la préface pour la Consommation des Siècles publiée en 1823 on lit : "Son travail manuscrit fut connu avant sa mort de quelques personnes de confiance, sous le titre de Conjectures sur la fin du monde" (1812).

La publication posthume seulement en 1814 donna lieu à la publication de deux articles dans le Journal Ecclésiastique, se prononçant contre ce traité. Pourtant, ces deux premiers articles ayant été jugés très sévères, un troisième article fut publié qui lui rendait justice dans ses analyses eschatologiques.

Gouazé dénonce un monde dépravé et impie, des chrétiens lâches et paresseux que la seule idée de la fin du monde révolte. Il détaille les signes annonciateurs du jour dernier. Il a suivi les traces d'autres annonciateurs de la fin du monde tels que Lachetardie, Pastorini, Rondet, etc. L'arrivée de l'Antéchrist était alors une préoccupation importante au sein de divers groupes de penseurs et religieux exaltés par une révolution qui les avaient laissés ahuris par tant de violence et de pertes.

"[...] L’Antéchrist, outre son faux prophète, aura encore une foule d’imposteurs et de suppôts de Satan, qui combattront pour lui contre Jésus-Christ et son Église. Il s’élèvera de faux christs et de faux prophètes, qui feront de grands prodiges et des choses merveilleuses. C’est Jésus-Christ qui nous le dit : et voici ce qu’il nous fait connaître encore par l’organe de saint Paul : Il viendra armé de toute la puissance et de l’opération de Satan, pour faire des choses merveilleuses et de faux prodiges. Saint Jean nous dit la même chose, en parlant du faux prophète et de la bête : Il fit de grands prodiges. Il est donc assuré que l’Antéchrist, son faux prophète, et les autres faux prophètes qui alors s’élèveront en foule, feront des choses extraordinaires qui ressembleront à des miracles, et qui rendront la séduction très dangereuse pour des hommes grossiers et ignorants. Le démon leur communiquera toute sa puissance, pour opérer de faux prodiges que les hommes corrompus et peu instruits prendront pour de vrais miracles ; et ils se jetteront en foule dans le parti de ces imposteurs. Ce ne seront pas sans doute de vrais miracles ; Dieu seul peut en opérer, et en donner le pouvoir à ses serviteurs ; mais il y a des œuvres qui surpassent les forces de la nature humaine, et qui ne surpassent pas le pouvoir du démon, lorsque Dieu lui permet d’en user. Tels seront les prodiges qu’opérera alors l’Antéchrist. [...]" (extrait du chapitre XXX)









Selon Gouazé la fin du monde était pour l'année 1940. Il marque le début de l'apocalypse en l'année 1790. "Les jours malheureux que nous voyons s'écouler depuis vingt-deux ans (il écrit en 1812), nous avertissent que le temps de la consommation de toutes choses s'approche ... et nous savons que, d'ici à cette époque, nos maux iront toujours croissant ; s'il y a quelques intervalles, quelques moments de paix et de tranquillité, ils ne seront pas toujours de longue durée." (extrait).

L'histoire de l'abbé Gouazé serait trop longue à détailler ici mais elle montre un prêtre fils de professeur de la faculté de droit de Toulouse qui fut placé à la tête du conseil de paroisse qui appartenait à Seysses. Gouazé fut arrêté pour avoir refusé de prêter serment à la nouvelle constitution française. Condamné à la déportation dans les premiers mois de 1794 il fit partie d'un convoi de 56 prêtres qui partit pour la maison d'arrêt de Bordeaux (22 nivôse an II) et devait attendre leur embarquement pour la Guyane. Mais il fut finalement libéré en juillet 1795 pour revenir exercer son ministère à Seysses le 21 septembre de l'an III. Il vécut sa captivité dans des conditions déplorables comme l'indique l'abbé Contrasty dans son ouvrage intitulé : Un Conseil de Paroisse sous le régime de la séparation de l'église et de l'état (Toulouse, imprimerie Saint-Cyprien, 1906, pp. 81 et suiv.).

Voici la liste de quelques chapitres : le monde doit périr par le feu - le monde doit durer environ 6000 ans - les hommes seront surpris par l'arrivée du dernier jour, comme ils le furent autrefois par les eaux du déluge - quatrièmre signe : une guerre universelle - la venue de l'Antéchrist - quel sera le nom de l'Antéchrist - de l'approche du jugement dernier - etc.

Références : Brunet, Fous littéraires, p. 91 ; Tcherpakoff, p. 42 (pour l'édition de 1814)


Bel exemplaire en condition d'époque de ce livre devenu introuvable traitant de manière convaincue de la fin du monde, entre mystique exaltée et eschatologie raisonnée.

Prix : 650 euros