mercredi 17 septembre 2025

PRÉSERVATIF CONTRE LE SCHISME ; ou Questions relatives au Décret du 27 novembre 1790. Quatrième édition revue & corrigée. — [Suivi de :] SUITE DU PRÉSERVATIF CONTRE LE SCHISME, ou nouveau développement des principes qui y sont établis. Par M. Larrière. Paris, Chez Le Clere, libraire, 1791. [de l'imprimerie de Claude Simon, imprimeur de l'évêque métropolitain] 2 ouvrages reliés en un volume in-8 reliés à l'époque demi basane et papier dominoté. Bel exemplaire.


LARRIERE (Noël Castera de)

PRÉSERVATIF CONTRE LE SCHISME ; ou Questions relatives au Décret du 27 novembre 1790. Quatrième édition revue & corrigée. — [Suivi de :] SUITE DU PRÉSERVATIF CONTRE LE SCHISME, ou nouveau développement des principes qui y sont établis. Par M. Larrière.

Paris, Chez Le Clere, libraire, 1791. [de l'imprimerie de Claude Simon, imprimeur de l'évêque métropolitain]

2 ouvrages reliés en un volume in-8 (20 x 13 cm) de XIV-246-(4) et 334 pages.

Reliure de l’époque demi basane caramel, dos lisse orné de fleurons et filets dorés, pièce de titre en papier rouge marquée "Recueil de pièces", petits coins de parchemin de réemploi, plats recouverts de papier dominoté rose et noir à formes géométriques. Très bon état. Minimes marques d'usage. Intérieur frais. Petite cicatrice de mouillure claire ancienne dans la marge basse de quelques feuillets (peu visible et sans gravité, mouillure saine).


Quatrième édition pour le premier ouvrage (parue la même année que l'originale). Édition originale pour le deuxième ouvrage.

Le Préservatif contre le schisme (ici en quatrième édition, revue et corrigée) est un des pamphlets importants parus au lendemain de la Constitution civile du clergé. L’auteur y prend vigoureusement la défense du décret du 27 novembre 1790, qui imposait aux ecclésiastiques le serment civique, et tente de montrer que la fidélité à la Constitution n’est pas incompatible avec la fidélité à l’Église.

La Suite du Préservatif, publiée quelques mois plus tard par M. Larrière, reprend et élargit ces arguments face aux critiques des adversaires, dénonçant le fanatisme et l’obstination des prêtres réfractaires. L’ouvrage recourt à de nombreuses autorités patristiques (notamment saint Augustin) pour appuyer ses thèses.



Cet ouvrage polémique, publié en plusieurs éditions en 1790-1791, s’inscrit dans le contexte brûlant de la Constitution civile du clergé et se présente comme une tentative d’apaisement face aux divisions religieuses qu’elle a provoquées. L’auteur, tout en reconnaissant les limites de son travail, revendique une méthode modérée : il ne cherche pas la querelle mais l’éclaircissement, et affirme que la conviction religieuse ne peut s’établir solidement qu’en exposant toutes les faces de la question. S’appuyant sur l’autorité de l’abbé Fleury et sur la tradition chrétienne, il rappelle que les droits essentiels de l’Église — décider de la doctrine, établir et abroger des règles disciplinaires, désigner ou destituer ses ministres, imposer des pénitences et retrancher les membres corrompus — sont immuables et indépendants de toute puissance humaine, puisqu’ils existaient déjà sous les empereurs païens. Mais cette affirmation n’empêche pas de distinguer entre le domaine spirituel, inaltérable, et l’organisation civile et extérieure, que la Révolution a le droit de réformer. Ainsi, loin de voir dans le serment constitutionnel une trahison de la foi, l’auteur y discerne une exigence compatible avec la fidélité à l’Église, et dénonce le fanatisme des réfractaires comme une cause de division dangereuse. Le Préservatif contre le schisme apparaît donc comme une défense nuancée du clergé constitutionnel, soucieux de concilier obéissance civile et fidélité religieuse, et comme un témoignage précieux des débats théologico-politiques qui agitent la France à la veille de la radicalisation révolutionnaire.

Les questions traitées et largement développées dans le premier ouvrage sont les suivantes : 1º. Quelle est la fin pour laquelle l’église est établie, & quels sont les pouvoirs qui lui ont été donnés par son fondateur ? 2º. L’église est-elle totalement indépendante de l’État dans l’exercice de tous les pouvoirs qui lui appartiennent ? 3º. La constitution civile du clergé suppose- t-elle un transport de juridiction qui ne puisse s’opérer que par les Ministres de l’église ? 4º. Si elle n’appartient qu’à la législation ca- nonique, jusqu’à quel point les fidèles ont-ils droit d’y prendre part ? L’État peut-il y inter- venir ? A-t-il des titres pour prononcer ? Le concours du pape y est-il nécessaire ? 5º. Le serment suppose-t-il une adhésion par laquelle on approuve toutes les parties de la constitution ? 6º. Les fonctionnaires publics qui succéderont à ceux qui n’ont pas fait le serment, peuvent-ils être regardés comme des intrus & de faux pasteurs ?

Ces deux ouvrages sont peu communs, on ne les rencontre qu'assez rarement et encore plus rarement réunis sous une jolie reliure décorative strictement de l'époque.

Il n'y a actuellement aucun exemplaire sur le marché de l'un ou de l'autre ouvrage.


Noël Castera de Larrière (1735-1803), laïc originaire d’Aillas près de Bazas, élevé dans les principes jansénistes, consacra toute sa vie aux controverses religieuses. Proche des appelants puis rallié à la Révolution, il devint un ardent défenseur de la Constitution civile du clergé, participant en 1797 au concile des constitutionnels et publiant une série de brochures remarquées : Préservatif contre le schisme (1791), Le Préservatif… accusé et non convaincu (1791), Suite du Préservatif (1792), ainsi que plusieurs lettres polémiques. Collaborateur des Nouvelles ecclésiastiques et des Annales de la religion, il lança ses propres Annales religieuses en 1798, vite supprimées. Mort subitement en 1803, on le surnommait l’abbé Larrière, bien qu’il n’ait jamais reçu la tonsure. Ses écrits, vigoureusement attaqués par Lambert et Vauvilliers, demeurent des témoignages de premier plan sur les déchirements politico ecclésiastiques de la Révolution.

Bel exemplaire en condition d'époque révolutionnaire avec son joli papier dominoté.

Prix : 650 euros