BURNOUF (Eugène).
Le Bhāgavata Purâna, ou Histoire poétique de Krichna [Krishna], traduit et publié par Eugène Burnouf, Membre de l’Institut, Professeur de Sanscrit au Collège Royal de France, etc. Texte sanscrit et traduction française. Tome troisième.
Paris, Imprimerie Royale, 1847
1 volume grand in-4 (31,5 x 24 cm) broché de (4)-CVIII pages de préface + 287 pages de texte sanscrit + 309 pages de traduction française. Couverture imprimée en papier gris. Quelques usures et manques à la couverture, dos solide non fendu, volume en partie resté non coupé. Belle impression sur papier vergé. Rares rousseurs. Très frais.
Édition originale
Outre une ample préface de plus de 100 pages, ce volume contient le texte sanscrit et la traduction française des Livres VII, VIII et IX du Bhāgavata Purâna. Ces trois Livres offrent une matière d’une grande richesse narrative et doctrinale : le Livre VII est centré sur l’histoire édifiante de Prahlâda, jeune prince démon fidèle à Vishnu, sauvé par l’avatar terrifiant Narasiṁha ; le Livre VIII, à dominante cosmologique, déroule l’exposé des Manvantaras, l’épisode du roi des éléphants, le mythe du barattage de l’océan de lait et l’histoire du roi Bali vaincu par l’avatar nain Vâmana, avant de conclure sur l’incarnation en poisson (Matsya) ; enfin, le Livre IX adopte un ton généalogique en retraçant les lignées royales et leurs héros, en intégrant les récits des avatars Râma et Paraçurâma, et en s’achevant sur la descendance de Yayâti et les dynasties de Pûru, Bharata, Çântanu et Yadu.
Le Bhāgavata Purâna est l’un des dix-huit grands Purânas de la tradition sanskrite, texte fondamental de la bhakti vouée à Krishna. L’édition française de Burnouf, commencée en 1840, demeure une référence majeure dans l’histoire de l’indianisme européen : le tome I (1840) contient les Livres I à III ; le tome II (1844), les Livres IV à VI ; le tome III (1847), les Livres VII à IX ; le tome IV (1884), la première partie du Livre X ; le tome V (1898), la suite du Livre X. Les Livres XI et XII n’ont jamais été traduits en français.
"Au moment où je terminais le présent volume, j’avais formé le dessein de réunir et de discuter dans cette préface les documents que quelques ouvrages manuscrits existants en France me paraissaient devoir fournir sur les noms les plus célèbres de la tradition indienne, cités dans le neuvième livre du Bhāgavata Purāṇa. Le Mahābhārata, le Rāmāyana, quelques Purāṇas, et par-dessus tout le Ṛgvêda et les Brâhmaṇas qui s’y rattachent, devaient me donner des matériaux aussi authentiques que variés. Je me serais appliqué à suivre, dans les productions d’âges très-divers, la marche des modifications qu’avaient éprouvées non-seulement les idées religieuses, mais encore les légendes, qui pour les temps anciens sont les uniques sources de l’histoire brâhmanique. J’entrepris avec activité les études nécessaires pour l’exécution de ce plan ; je rassemblai et je traduisis des textes nombreux empruntés à des ouvrages différents les uns des autres par le style et par la date. Mais je reconnus bientôt que l’étendue de ce travail ne me permettait pas d’en espérer le prochain achèvement, et qu’ainsi la publication du troisième volume du Bhāgavata, dont ces recherches étaient destinées à former le préambule, se trouverait indéfiniment ajournée. [...]" (début de la Préface par Eugène Burnouf).
"Dialogue entre Yudhichṭhira et Nārada. Le roi dit : Comment se fait-il, ô Brâhmane, que Bhagavat lui-même, l’ami affectueux des êtres tous égaux à ses yeux, ait frappé, dans l’intérêt d’Indra, les fils de Diti, comme s’il eût été leur adversaire ? Il n’attendait rien, en effet, des troupes des Suras, celui qui est la béatitude même ; et il ne haïssait pas plus qu’il ne craignait les Asuras, celui qui n’a pas de qualités. Voilà, ô sage fortuné, le doute très-grave qui s’élève dans mon esprit touchant les qualités de Nârâyana ; veuille bien, seigneur, le dissiper. Çuka dit : Tu as bien fait de m’interroger, ô grand roi, sur la merveilleuse histoire de Hari, où la grandeur de l’ami de Bhagavat, cette grandeur qui augmente la dévotion pour ce Dieu, Cette grandeur suprême et sainte, est chantée par Nârada et par les autres Richis ; après avoir incliné la tête devant Krichna le solitaire, je t’exposerai l’histoire de Hari. Quoique Bhagavat, l’être incréé et insaisissable aux sens, qui est supérieur à la Nature, soit exempt de qualités, il a, en s’unissant à un des attributs de sa Mâyâ, pris le rôle de meurtrier des coupables. [...]" (début de la traduction française du Livre VII).
Édition savante très importante dont il existe plusieurs tirages (avec ou sans le texte sanscrit, et quelques très rares exemplaires au format grand in-folio, avec encadrements décoratifs en noir, rouge ou or). Très belle impression de l'Imprimerie Royale avec les caractères neufs sanscrits et romains.
Bon exemplaire recherché, resté broché, de cette publication capitale de l’indianisme français.
Prix : 850 euros