La Nouvelle Maison Rustique, ou Economie Rurale, pratique et générale de tous les biens de la campagne. Nouvelle édition, entièrement refondue, considérablement augmentée, et mise en ordre, d'après les expériences les plus sûres, les auteurs les plus estimés, les mémoires et les procédés de cultivateurs, amateurs et artistes, chacun dans les parties qui les concernent ; par J.-F. Bastien.
A Paris, chez Deterville, an XII (1804)
3 forts volumes in-4 (26,5 x 21 cm) de (4)-XVI-891, (4)-VI-899 et (4)-XII-1006 pages, avec 20 planches dont 4 doubles dans le premier volume, 20 planches dont 15 doubles pour le deuxième volume et 20 planches dont 4 doubles dans le troisième et dernier volume (soit 60 planche au total dont 31 planches dépliantes). Collationné complet.
Reliure strictement de l'époque plein veau fauve raciné, dos lisses ornés de fers spéciaux, pièces de titre de maroquin rouge, pièces de tomaison de maroquin noir, nom du propriétaire doré en queue sur pièce de maroquin rouge (F. H. BEZARD-TRECUL). Jolies reliures décoratives et solides avec quelques minimes défauts sans gravité (petit accroc en coiffe de queue du deuxième volume, légers frottements et éraflures sur les plats). Intérieur très frais (impression sur papier fin, les estampes sont tirées sur papier fort légèrement teinté).
Nouvelle édition.
L'Avis placé au verso du faux titre suffit à expliquer l'ouvrage : "Cet ouvrage, indispensable aux propriétaires de terres, aux cultivateurs, aux amateurs, et même aux personnes qui n’ayant encore aucune teinture des travaux de la campagne, désireraient acquérir quelques connaissances utiles, qu’il importe essentiellement d’avoir, contient :
Tout ce qui concerne les biens de campagne, le moyen de les améliorer, augmenter, entretenir et faire valoir : choix, acquisitions, bâtisse, productions différentes, et tout ce qui s’y est relatif ; terres, bois, prés, vignes, arbres de toutes espèces, etc. chevaux, bestiaux, et généralement tous les animaux nécessaires à l’exploitation des terres, ou qui composent une basse-cour :
La meilleure culture des terres, selon l’emploi auquel on les destine ; les matières les plus essentielles du code rural, la chasse, la pêche et tous les amusements de la campagne : un traité de botanique et d’apothicaire, avec des remèdes simples et aisés, dont la connaissance est nécessaire tant pour la santé des hommes que pour celle des animaux :
La cuisine, la pâtisserie, la distillation, les confitures, ratafias, etc. etc.
Enfin, des opérations, et pratiques des arts et métiers, les plus en usage à la campagne.
Cette édition est ornée de 60 planches, dessinées d’après nature, gravées au burin avec soin, dont 31 doubles, grand in-fol., ce qui équivaut à 91 ordinaires, représentant plus de 1000 sujets.
Nota. La division de l’Ouvrage n’ayant pas toujours permis de rassembler dans un seul article tout ce qui concerne le même objet, considéré dans ses différents rapports, le Lecteur doit, pour faire ses Recherches, consulter la Table Générale des Matières, qui se trouve à la fin du troisième volume.
Le Prix des 3 volum. br. pris à Paris, est de 40 fr. et proprement et solidement reliés, 48 fr."
Suit un Avis sur cette nouvelle édition : "L’étude de l’Agriculture est indispensable à l’homme : à chaque instant elle offre des découvertes qui étendent les idées et en font naître de nouvelles ; elle devrait donc faire une des principales parties de l’éducation. Depuis longtemps cette vérité est sentie, mais le projet n’est pas encore exécuté.
Quelle peut être en effet la jouissance de celui qui, n’ayant jamais su connaître la moindre plante, et les confondant toutes, se promène dans la campagne ou dans un jardin ? Rien ne le frappe que l’ensemble ou la majesté du spectacle, dont le premier coup d’œil étonne les plus indifférents. Mais les détails si intéressants ne l’occupent nullement ; il distingue à peine les plantes dont il fait un usage journalier.
Dans un jardin potager ou fruitier, il s’ennuie après un quart d’heure de promenade ; il ne peut concevoir qu’on puisse y passer des journées entières, et toujours s’y amuser et y apprendre ; il préfère à tout une belle allée couverte, sous l’ombre de laquelle son ignorance reste ensevelie.
La plus grande partie des personnes qui vivent à la campagne, si elles ne s’y mêlent un peu d’agriculture, y mènent ordinairement une vie triste ; car la société ne pouvant remplir que quelques moments du jour, elles passent le reste à s’ennuyer ou à faire rire à leurs dépens des jardiniers qui, le plus souvent, ne sont eux-mêmes que des machines mouvantes, remplies de préjugés, comme on pourra le voir à l’article qui les concerne.
Le plaisir de l’agriculture est tel, qu’il fait oublier tous les autres ; c’est le plus naturel, le plus simple, celui après lequel tout le monde court, dont on se flatte de jouir à la fin de sa vie, mais dont peu de personnes profitent, parce qu’elles se retirent du tourbillon des affaires dans un âge où, ne sachant rien, on ne peut plus rien apprendre : elles sont alors privées au milieu des jouissances.
La MAISON RUSTIQUE, qui, depuis très-long-temps, jouit, à juste titre, de la plus grande réputation, est l’ouvrage qui convient le mieux à tout le monde. On peut y apprendre absolument tout ce qu’il importe de savoir et de connaître lorsqu’on vit à la campagne, ou lorsqu’on projette de s’y retirer : l’étude de ce livre appartient même aux personnes curieuses d’avoir une teinture générale desouvrages qui s’y font, et quelques idées de la végétation des animaux et des plantes.
Depuis longtemps on s’était contenté de réimprimer cet ouvrage avec quelques additions, changements ou corrections ; mais cette édition, en conservant le même cadre, offre, outre les corrections, des additions, des changements et des augmentations considérables. Toutes les matières y ont été revues, presque tous les articles ont été refondus, on en a ajouté un très grand nombre de nouveaux ; on y a inséré tout ce qui a paru de meilleur depuis longtemps dans toutes les parties de l’économie, de l’art vétérinaire, de l’agriculture, du jardinage, de la botanique, etc. etc.
Toutes les matières y sont traitées de la manière la plus étendue, en sorte que cet ouvrage peut et doit être considéré comme une véritable Encyclopédie rurale et domestique.
On aurait pu, dans un long discours, exposer les principes, les causes et l’action de la sève, de la végétation, les maladies des plantes ; enfin, tout ce qui concerne les différentes parties sans nombre qui composent cet ouvrage ; mais ce n’aurait été que des répétitions. Chaque article est traité dans le plus grand détail et avec la plus grande clarté ; tout y est pris dans les animaux, pour ainsi dire, depuis le germe jusqu’à la génération ; dans les végétaux, depuis le choix de la graine, sa germination, ses progrès, jusqu’à la récolte de la nouvelle graine, etc.
Pour éviter de répéter les objets qui, dans un pareil ouvrage, reviennent plusieurs fois, on a préféré mettre une table générale à la fin du troisième volume, en sorte qu’à chaque article on trouve réuni tout ce qui le concerne dans les trois volumes, ce qui est d’une plus grande facilité pour favoriser et abréger les recherches. Chaque volume cependant est précédé d’une table particulière des chapitres et des articles qui y sont contenus, en sorte qu’on n’aura pas besoin de recourir chaque fois à la table générale.
Toutes les figures de cette édition ont été gravées de nouveau : on n’a rien épargné pour qu’elles remplissent le but qu’on s’était proposé, représenter parfaitement les objets d’après nature. Tout artiste peut, d’après ces modèles, exécuter les outils et instruments nécessaires à l’agriculture et au jardinage ; il en est de même de tout ce qui concerne les animaux, les arbres, les plantes, etc.
Le mérite reconnu de cet ouvrage dispense d’entrer dans de plus longs détails ; il suffit de dire que c’est la première édition qui ait paru remplissant mieux son titre et son but. Il sera facile de s’en convaincre en parcourant les tables particulières et la table générale."
L'éditeur de cette nouvelle édition, bien plus complète que les précédentes, est Jean-François Bastien (1747-1824), homme de lettres et libraire. Il a publié plusieurs ouvrages d'agriculture.
Cet ouvrage très intéressant est l'un des plus grands succès éditoriaux du XVIIIe siècle. La première édition donnée par Louis Liger a paru en 1700. Louis Liger (1658-1717) était natif d'Auxerre (Bourgogne). Outre la Nouvelle Maison Rustique, qui connaît de nombreuses éditions au cours du siècle et dont la matière est puisée dans la Maison rustique de Charles Estienne et Jean Liébault, Louis Liger a écrit des ouvrages sur les jardins, sur les chevaux, et deux dictionnaires d’économie rurale. Tous les sujets rustiques sont traités dans cet ouvrage : la basse-cour, les abeilles (apiculture), les chevaux, le bétail, l'agriculture des terres à grains, les étangs et rivières, les arbres fruitiers, la taille et la greffe, le potager, la vigne (choix des terres, exposition, plantation, variétés, travaux du viticulture, vendanges, vins, cidre, poiré, verjus...). Un livre traite de la cuisine : recettes de viandes, gibiers et volailles, légumes, confitures et conserves de fruits, pâtisserie, etc. On y trouve aussi des chapitres sur la chasse au cerf, sanglier, lièvre, renard, lapin, loup, daim et chevreuil. De nouveaux chapitres tels que celui sur les usages des engrais et la construction des serres chaudes viennent compléter l'ensemble.
La plupart des chapitres sont enrichis de nouveaux conseils et recettes, mis à jour selon l'évolution de l'agriculture tout au long du XVIIIe siècle. De nombreux chapitres apparaissent ici pour la première fois. Passionnant ouvrage pour tous les amateurs qui vivent en communion avec la nature et la vie rurale, ou pour ceux qui y aspirent.
Les exemplaires de cet ouvrage imposant ont été très souvent manipulés à outrance et les beaux exemplaires restés frais sont rares. Le présent exemplaire n'a été que très peu manipulé.
Provenance : exemplaire de la bibliothèque de monsieur François Hyacinthe Bezard-Trecul, propriétaire à Mondoubleau (département du Loir et Cher) (on joint une quittance de "Patente en balle" en date du 14 brumaire an VI (4 novembre 1797) pour le citoyen François Bézard (son père). Nous joignons aussi une quittance de contribution foncière pour le même datée du 30 thermidor an IV (17 août 1796) pour le même. Les documents concernent le père et aïeux de François Hyacinthe Bezard-Trecul étant à l'époque un important propriétaire terrain si l'on en croit ses impositions foncières très élevées. On joint encore deux autres documents plus anciens (1762) concernant la même famille. Ces documents ont été miraculeusement conservés repliés dans le premier volume. La commune de Mondoubleau se situe à mi-chemin entre Le Mans et Chateaudun. Nous avons retrouvé la trace de François Hyacinthe Bézard-Trécul qui fut maire de Mondoubleau (son père François Bézard en fut le maire également). François Hyacinthe Bezard est né en 1792 à Mondoubleau et a épousé Marguerite Trécul en 1812. La reliure du présent exemplaire, qui marque cette alliance, doit donc dater des années 1812-1815 (le style du décor de la reliure correspond bien).
Bel et émouvant exemplaire ayant appartenu à un riche propriétaire terrien du Perche. Les planches sont nombreuses et superbes.
Prix : 1.650 euros